Dr Benjamin Moulin, dernière mise à jour octobre 2022

Comment soigner de manière naturelle et peu invasive un névrome de Morton?

Le syndrome de Morton est lié à l’hypertrophie focale d’un nerf de l’avant pied qui est coincé entre les têtes des os métatarsiens. Il se forme alors un renflement du nerf (appelé névrome de Morton) qui est responsable de douleurs de l’avant pied, avec des fourmillements, une anesthésie, des douleurs, ou des décharges électriques sous le pied.

Les progrès de l’imagerie permettent maintenant de réaliser de multiples traitements guidés par imagerie pour traiter le névrome de Morton.

Il existe plusieurs traitement non invasifs du névrome de Morton

Infiltration du névrome de Morton

Un traitement peu invasif

L’infiltration consiste à injecter un mélange de corticoïdes et d’anesthésie locale au contact du névrome. A l’aide de l’échographie, l’opérateur repère le névrome. Il insère ensuite une fine aiguille qui est positionnée au contact du névrome. Toujours sous guidage échographique, un mélange de corticoïdes et d’anesthésie locale est injecté, en essayant de faire diffuser le produit tout autour du névrome.

Ce geste peut être réalisé au décours d’une consultation.

Il n’y a pas de surveillance particulière ou d’hospitalisation dans les suites de la procédure.

Il n’y a pas de consignes particulières dans les suites de l’infiltration, la marche peut être reprise immédiatement.

 

Efficacité de l’infiltration

L’infiltration permet habituellement de réduire les douleurs dans un délai rapide L’effet maximal est obtenu en moyenne 7 jours après l’intervention. Selon les études, l’efficacité de l’infiltration pour soulager un névrome de Morton se situe entre 40 et 72%. L’efficacité à plus long terme est réduite. Une autre étude avec un suivi des patients pendant 5 ans a montré une récidive des symptômes chez 64% des patients, ayant nécessité un autre traitement pour le soulagement des douleurs (cryothérapie ou chirurgie).

 

Complications possibles

Les complications sont très rares. Il peut y avoir une petite dépigmentation focale de la peau (3% des cas environ), ou une atrophie très focalisée de la peau en regard de l’injection, des cas également, généralement réversible en quelques semaines). Les complications graves comme une infection sont rarissimes.

Est ce que plusieurs infiltrations peuvent être réalisées?

Oui, les études montrent que l’infiltration peut être répétée jusqu’à 3 ou 4 fois en 6 mois sans effets indésirables majorés. Néanmoins, un des effets indésirables de l’infiltration est l’atrophie du coussinet plantaire qui est présent entre le névrome et la face plantaire du pied. L’injection répétée de corticoides au contact de la face plantaire majore donc le risque d’atrophie du coussinet, avec une sensation de perte d’amorti en regard de la tête métatarsienne. En cas d’atrophie débutante du coussinet après réalisation d’une ou plusieurs infiltrations, les infiltrations doivent être cessées.

Quelle taille de névrome pour une infiltration? 5, 6, 7 ou 8 millimètres?

La taille est un facteur de risque d’échec de l’infiltration. Plus le névrome est de taille importante, plus le risque de récidive après infiltration est également important. Une étude a montré que le risque de recours à un traitement chirurgical après infiltration est plus élevé chez les patients avec un névrome de taille supérieure à 7 millimètres. En pratique, il est habituel de réaliser en première intention une infiltration lorsque le névrome est de taille inférieure à 5 millimètres, alors qu’au delà de 8 millimètres, il sera préférable de discuter un traitement un peu plus agressif, comme la cryothérapie.

Entre 5 et 8 millimètres, les pratiques varient selon les équipes et la symptomatologie des patients.

La cryothérapie, un traitement naturel peu invasif du névrome de Morton

Les Principe du traitement

Comme lors d’une infiltration, la cryothérapie est réalisée à l’aide d’un guidage échographique. L’opérateur met en place une aiguille de cryothérapie non pas au contact, mais directement dans le névrome. L’extrémité de l’aiguille est ensuite refroidie pour former un glaçon autour du névrome, afin de détruire son enveloppe et de permettre sa résorption. Le contrôle par échographie permet de s’assurer que le glaçon va bien enrober l’ensemble du névrome. Les nerfs sont des structures très sensibles au froid. Le névrome commence à se résorber dès lors que la température au contact atteint 10°, alors que les autres structures du pied comme les os ou les tendons sont beaucoup moins sensibles. La bonne surveillance de l’extension du glaçon et des paramètres de congélation permet donc le traitement du névrome tout en préservant au maximum les autres structures de l’avant pied, ce qui permet une convalescence beaucoup plus rapide après l’intervention.

Déroulement de l’intervention

L’intervention est réalisée sous anesthésie locale. L’opérateur se positionne dans des conditions stériles, et réalise ensuite la procédure. L’échographie permet d’éviter une incision, de positionner l’aiguille de cryothérapie de manière très précise dans le névrome, et de suivre en temps réel toute la procédure.

Après l’intervention, une surveillance de 2 heures est réalisée en hôpital de jour avant la sortie.

Le retour à l’appui avec réalisation de quelques pas est possible immédiatement après l’intervention.

Quelle convalescence après une cryothérapie?

Après l’intervention, le pied peut être un peu gonflée, avec une gêne qui persiste pendant 2 à 3 semaines lors de la pose du pied. Néanmoins l’appui et les déplacements restent possibles pour les activités du quotidien notamment.

Il n’y a pas d’abord chirurgical pendant l’intervention. La seule cicatrice est celle du point de ponction de l’aiguille, qui est millimétrique. Il n’est donc pas nécessaire de réaliser de pansement, de point de suture, ou de soins infirmiers à domicile.

Selon la profession exercée, l’activité professionnelle peut être reprise immédiatement, ou nécessité un arrêt pendant quelques semaines.

La marche normale est généralement reprise après 1 mois et l’activité sportive après 6 semaines. Ces données sont fournies à titre indicatif, et peuvent varier d’un patient à l’autre.

 

Quels sont les résultats?

Concernant la satisfaction des patients, une étude récente a montré qu’après une cryothérapie d’un névrome de Morton (suivi de 20 mois après l’intervention), 77.7% des patients ont reporté une satisfaction complète, 16.6% une satisfaction avec quelques réserves, et 5.7% une insatisfaction.

L’examen IRM montre généralement une résorbtion du névrome, qui peut même complètement disparaître. Ces résultats peuvent mettre jusqu’à 6 mois pour être effectifs.

Les résultats à plus long terme (plus de 5 ans) sont encore peu connus du fait du caractère très récent de cette technique. Néanmoins, la cryothérapie est un traitement pratiqué dans d’autres organes (notamment le rein ou le poumon pour des lésions cancéreuses), avec d’excellents résultats qui persistent dans le temps, avec des suivis reportés de plus de 10 ans.

Quels effets indésirables ou complications?

Les complications majeures sont très rares. Quelques rares cas d’infection ont été reporté dans la littérature, généralement chez des patients avec une pathologie favorisante comme le diabète. Le taux d’infection après cryothérapie ne dépasse pas 3%, et est encore inférieur chez les patients qui ne présentent pas de pathologie sous jacente.

Névrome de Morton: traitement par neurolyse (alcoolisation)

Le fonctionnement

L’alcoolisation du névrome de Morton est un traitement guidé par échographie. Sous contrôle échographique, l’opérateur va mettre en place une fine aiguille au contact du névrome puis injecter prudemment quelques centilitres d’alcool pur afin de détruire la paroi nerveuse et permettre la résorption du névrome.

Déroulement de l’intervention

L’intervention peut être réalisée directement au cabinet. Après désinfection de la zone, le radiologue réalise une anesthésie locale qui permet d’endormir l’espace entre les doigts de pied dans lequel passe le nerf. Toujours sous le contrôle de l’échographie, il injecte ensuite de l’alcool au contact du névrome.

Il n’y a pas de surveillance particulière ou d’hospitalisation dans les suites de la procédure.

Il n’y a pas de consignes particulières dans les suites de l’infiltration, la marche peut être reprise immédiatement.

Efficacité de l’alcoolisation

L’alcoolisation permet habituellement de réduire les douleurs dans un délai rapide. L’effet maximal est obtenu généralement en 3 ou 4 semaines après l’intervention.

L’amélioration après alcoolisation est notée dans plus de 70% des cas d’après une étude sur 64 patients.

L’alcoolisation est généralement combinée avec une infiltration de corticoïdes, ce qui potentialise les résultats et diminue l’inflammation dans les suites du geste.

Est ce que plusieurs alcoolisation peuvent être réalisées ?

Oui. Dans environ 70% des cas, l’alcoolisation doit être répétée. Ceci est du au fait qu’il est difficile d’estimer parfaitement la diffusion de l’alcool autour du névrome. Aussi certaines zones ne sont parfois pas complétement traitées lors d’une première session, et celle-ci doit donc être répétée.

Quelles sont les complications possibles dans les suites de l’intervention?

Les complications graves sont rares et souvent liée à une pathologie préexistante, comme le diabète. Le taux d’infection est très faible, inférieur à 3%. Les hématomes sont possibles mais souvent liés à une mauvaise coagulation ou la prise d’un traitement anticoagulant.

Efficacité de l’alcoolisation: pour quelle taille de névrome de Morton?

Actuellement les données sont insuffisantes pour savoir s’il existe une taille limite pour le traitement d’un névrome de Morton par alcoolisation. Néanmoins, plus le névrome est de taille importante plus il existe de risque de nécessiter plusieurs sessions de traitement.

Contact

Localisation

Hôpital Américain, 55 Bd du Château, 92200 Neuilly Sur Seine