Dr Benjamin Moulin, dernière mise à jour janvier 2023

Tout savoir sur l’hypertrophie bénigne de prostate

Hypertrophie bénigne de la prostate, qu’est ce que c’est?

Le volume de la prostate augmente avec l’âge. Cette augmentation est nommée usuellement hypertrophie bénigne de la prostate (ou parfois adénome prostatique). Elle entraîne chez l’homme des symptômes et une gêne sur le plan urinaire. L’hypertrophie bénigne de prostate constitue un problème de santé publique important puisque 50% des hommes de plus de 50 ans sont touchés.

Hypertrophie bénigne de prostate

Hypertrophie bénigne de prostate, quels sont les facteurs de risque?

Origine ethnique et cause génétique (antécédents familiaux et hérédité)

Les études épidémiologiques montrent que les patients d’origine africaine ou afro-antillaise sont plus à risque de souffrir d’une hypertrophie bénigne de la prostate.

Les patients avec des antécédents familiaux d’adénome de prostate sont également plus à risque de développer ce trouble. Des causes génétiques peuvent être évoquées: récemment des chercheurs de l’université de Stanford ont découvert dans une étude comparant des échantillons de tissu prostatique issu de zone hypertrophiées ou non 65 gênes dont l’expression était fortement associée à l’hypertrophie bénigne prostatique. Ceci suggère donc une participation de facteurs génétiques dans le développement de la maladie.

Maladies du coeur et de vaisseaux et causes métaboliques (obésité, diabète, insuffisance rénale)

Les patients souffrant d’une affection cardio-vasculaire ou de diabète sont plus à risque de développer une hypertrophie bénigne de la prostate. Plusieurs mécanismes peuvent être évoqués. Tout d’abord, les maladies cardio-vasculaires peuvent entraîner une maladie des petites artères qui deviennent sténosés et au sein desquelles le sang circule plus difficilement ce qui peut conduire à un manque de débit dans la prostate. Or, le manque d’oxygène (souffrance d’ischémique) fait parti des mécanismes retenus pour expliquer le développement anormal de la prostate avec l’âge . Dès lors, toutes les situations pouvant rendre les artères malades, comme le diabète, l’athérome ou l’insuffisance rénale sont à même de provoquer également des troubles urinaires liés à l’hypertrophie bénigne de la prostate.

Concernant le diabète, certaines études ont également suggérées que des niveaux élevés d’insuline pouvaient être source d’un développement anormal de la prostate, notamment via les facteurs de croissance IGF1 et IGF2.

Enfin, certaines situation comme l’obésité entraîne un surplus d’œstrogène, et cette hormone a un effet stimulateur de la croissance de la prostate ce qui peut conduire à son hypertrophie.

Sédentarité (manque d’exercice) et alimentation

Le manque d’exercice ou une mauvaise alimentation ne sont pas en soit des facteurs de risque d’une hypertrophie prostatique. Néanmoins, comme vu ci-dessus, de nombreuses situations de dérèglements cardio-vasculaires ou hormonaux peuvent conduire à un adénome de prostate. De nombreuses études ont montré l’intérêt d’une activité physique régulière pour prévenir les maladies cardio-vasculaires, le diabète, l’obésité. De même, une alimentation variée, comme dans le régime méditerranéen (aliments peu transformés, régime riche en légumes et en omega 3) permet de limiter les risques cardio-vasculaires et donc l’apparition d’une hypertrophie de la prostate.

Embolisation de la prostate, un traitement peu invasif de la prostate gonflée

Hypertrophie bénigne de la prostate: causes, mécanismes, et symptômes

Qu’est ce qui cause les difficultés à uriner?

L’augmentation du volume de la prostate va exercer un effet compressif sur l’uretère. Pour mémoire l’uretère est le conduit partant de la vessie rejoignant ensuite la verge pour permettre l’évacuation des urines. L’urètre traverse la prostate et peut être imaginé comme un tuyau. Le gonflement de la prostate va agir comme si on exerçait une forte pression sur le tuyau depuis l’extérieur (en roulant sur un tuyau d’arrosage avec sa voiture par exemple). Le volume de la prostate normal d’un homme de 30 ans (prostate de 30 grammes) peut être comparable à une châtaigne, alors qu’une grosse prostate (de 80 à 100 grammes) peut être comparable à une oragne.

Les signes urinaires irritatifs et obstructifs

Ces signes vont évidemment être en lien avec l’obstruction du jet urinaire. Les premiers signes sont souvent « irritatifs », avec une augmentation de la fréquence urinaire, des « urgenturies » (envie fréquentes d’uriner), et de nombreuses mictions nocturnes (nycturie).

Avec le temps, l’hypertrophie prostatique entraîne des dysfonctionnement de la vessie qui vont causer des signes dit « obstructifs », comme des difficultés à vider la vessie, ou une sensation de vidange incomplète.

Hypertrophie bénigne de la prostate: conséquences sur la vessie de l’homme

La vessie est un organe du pelvis constitué d’un muscle, le détrusor. Comme tous les muscles du corps humain, il possède la capacité de se contracter et de grossir (on parle d’hypertrophie). Dans le cas de l’hypertrophie prostatique, pour compenser l’augmentation de pression dans le canal urétéral, la vessie va précisément augmenter sa force de contraction et s’hypertrophier. Cette hypertrophie va initialement améliorer les capacités urinaires des patients, mais à plus long terme entraîner des problèmes. Dans un premier temps, les contractions vésicales vont devenir fréquentes et difficile à contrôler ce qui explique les premiers symptômes (urines fréquentes et urgenturie). Et les conséquences vésicales vont continuer à s’aggraver avec le temps.

→  La vessie de lutte: une vessie qui ne se vide pas (le résidu post-mictionnel)

Après plusieurs années de contraction forcée et incessante, la paroi vésicale se rigidifie, et elle fini par perdre sa capacité contractile. La miction devient alors difficile, et surtout les patients ont l’impression de ne plus vider leur vessie correctement. Ceci n’est pas qu’une impression et peut être objectivé par une échographie réalisée juste après une miction qui mettra en évidence un résidu post-mictionnel.

→  La vessie diverticulaire: des hernies dans la paroi

Les phénomène de poussée vésicale peuvent également entraîner des hernies de la muqueuse de la vessie à travers la paroi, qui vont former des diverticules vers l’extérieur. Ces poches appendues à la vessie se remplissent d’urine. Elles ne sont constituées que de muqueuse sur leur paroi, et l’absence de couche musculaire empêche leur contraction et donc la vidange de l’urine qui s’y trouve.

→  Les lithiases vésicales

Le ralentissement de la vidange de la vessie, et la stagnation des urines notamment dans les diverticules peut conduire à la formations de calculs (lithiases). Ces lithiases peuvent être douloureuses, ou bloquer les urines en cas d’engagement dans l’urètre.

→  La rétention aigüe d’urine et la vessie claquée

Lorsqu’elle est trop longtemps négligée, les épisodes répétés de stagnation des urines peuvent se répéter et s’aggraver. La pression intra-vésical augmente, la contraction vésicale ne suffit plus à compenser, et la vidange vésicale devient impossible: c’est la rétention aigue d’urine. Il s’agit d’une urgence nécessitant une évacuation des urines par mise en place d’une sonde à demeure.

En cas de rétention, si les urines ne sont pas évacuées rapidement, la distension peut endommager le muscle vésical qui perd alors complétement sa capacité à se contracter. On parle de vessie claquée par analogie au claquage musculaire qu’on connaît dans la pathologie du sportif. L’évolution et surtout la récupération d’une vessie claquée est incertaine et nécessite souvent du temps avant de se résorber.

Lorsque la pression augmente dans la vessie, la paroi de la vessie s'épaissit: on parle d'une vessie de lutte

Hypertrophie bénigne de la prostate et sexualité (impuissance, vie sexuelle)

Parce qu’elle touche un organe au coeur de l’appareil reproducteur, l’hypertrophie bénigne de prostate peut avoir des conséquences importantes sur la sexualité des patients. Pour rappel, c’est dans la prostate que les canaux déférents (par lesquels chemine le sperme) rejoignent l’urètre pour permettre l’éjaculation. Les différents symptômes urinaires ou épisodes répétées d’obstruction ou d’infection peuvent affecter négativement la vie sexuelle des hommes atteints avec des retentissement psychologiques ou sur la vie de couple.

Hypertrophie bénigne de la prostate et troubles de l’érection (impuissance)

Environ 50% des patients porteurs d’un adénome de la prostate décrivent des troubles de l’érection. Si il n’y a pas de causalité entre ces deux pathologies, néanmoins on peut constater que les facteurs de risques sont relativement similaires, et que l’existence de facteurs de risque communs comme une maladie cardiovasculaire ou un diabète peuvent expliquer la coexistence des symptômes. Une autre hypothèse serait que le grossissement de la prostate entraîne un fort afflux de sang dans la prostate, qui prive la verge de cet afflux lors des tentatives d’érection (phénomène de « vol vasculaire »).

 

Stress lié aux symptômes urinaires et conséquences sur la sexualité

Le stress induit par les symptômes urinaires liés à l’adénome peut avoir des retentissement sur la vie sexuelle des hommes. En effet, le stress d’une situation d’envie urgente d’uriner, de blocage urinaire, ou de fuite urinaire peut entraîner chez certains patients un blocage psychologique complet du désir sexuel ou une impuissance. Il est important de prendre en charge la dimension psychologique et les éventuelles retentissements sur la vie sexuelle d’un patient lors du diagnostic d’hypertrophie bénigne.

 

Conséquences sur la vie sexuelle des médicaments (alpha-bloquant et inhibiteur de la 5 alpha reductase)

Les alpha-bloquant (xatral, alfuzosine) et les inhibiteurs de la 5alpha reductase (Finasteride) sont les deux grandes catégories médicamenteuses prescrites pour un adénome de la prostate. Ces deux thérapies peuvent avoir des effets indésirables sur le plan sexuels, notamment des troubles de l’érection, des diminutions du volume de l’éjaculation, ou des baisses de la libido.

 

Hypertrophie bénigne de la prostate: conséquences  sur l’éjaculation

L’augmentation du volume de la prostate peut entraîner une obstruction au passage du sperme. L’important volume prostatique peut également avoir un effet compressif sur les nerfs du pelvis, rendant les éjaculations douloureuses. Certains traitements notamment les alpha bloquant ou les inhibiteurs de la 5 alpha reductase peuvent également entraîner une éjaculation rétrograde. On parle alors d' »orgasme sec ». Les traitements chirurgicaux (résection endoscopique ou résection laser) entraînent également une éjaculation rétrograde qui survient dans 70 à 90% des cas suites à la chirurgie.

 

L’embolisation de la prostate, une option intéressante chez les patients avec une hypertrophie de la prostate qui souhaitent garder leurs fonctions sexuelles

L’embolisation consiste à boucher les artères de la prostate par voie vasculaire en mettant en place un cathéter dans une artère du plis de l’aine puis en le dirigeant jusqu’aux artères de la prostate. La prostate n’est donc plus traité par un rabottage autour de l’urètre mais par un ramollissement et une atrophie de la glande provoquée par les vaisseaux nourriciers. L’absence de modification structurelle sur le conduit par lequel s’écoule l’urine permet de maintenir les éjaculations et l’érection.

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