Dr Benjamin Moulin, dernière mise à jour octobre 2022

Le syndrome de Morton du pied: des metatarsalgies liées à la compression d’un nerf sous la voute plantaire

Le syndrome de Morton correspond à l’ensemble des symptômes relatifs à la présence d’un névrome de Morton sous la voûte plantaire qui est un renflement du nerf interdigital plantaire. Le nerf interdigital (en jaune sur le schéma) chemine entre les os métatarsiens (en rouge), dans les espaces inter-métatarsiens (numérotés de 1 à 4). Les névromes (étoile bleue) se développent généralement dans le 2ème ou le 3ème espace, en regard des têtes des métatarsiens avec lesquelles ils entrent en conflit, ce qui provoque la sensation douloureuse.

Le névrome de Morton est une cause fréquente de pathologie nerveuse empêchant la pratique d'une activité sportive

Causes et facteur de risque du syndrome de Morton

Qu’est ce qui provoque le syndrome de Morton?

Le syndrome de Morton est lié à une cause mécanique : il s’agit d’une augmentation des contraintes sur le nerf interdigital plantaire qui se retrouve alors comprimé entre les têtes des métatarsiens (les os de l’avant pied qui sont juste avant les phalanges). Cette compression peut être liée à un mauvais positionnement du pied (lors de la marche avec des talons par exemple) ou a des facteurs anatomiques comme un espace insuffisant entre les os métatarsien qui favorise le conflit.

Sous l’effet de cette compression, un renflement va se former, une sorte de boule sur le trajet du nerf, qu’on appelle névrome de Morton. Ce névrome est constitué de tissu fibreux. L’ensemble des symptômes relatifs au névrome de Morton constitue ce qu’on appelle le syndrome de Morton.

Le syndrome de Morton est la première cause de métatarsalgies (douleur de l’avant pied).

Hérédité

Le syndrome de Morton est plus fréquent chez les patients dont les parents ont également présenté un Morton. A ce jour, aucun gêne de prédisposition au syndrome de Morton n’a pu être identifié.

Sexe féminin

Les femmes sont plus atteintes par le névrome de Morton. L’incidence plus élevée de cette maladie chez les femmes s’explique essentiellement par le port plus fréquent de chaussures serrées ou à talon qui favorisent l’apparition du névrome. En effet les chaussures serrées sont un facteur de risque important de formation d’un névrome, du au fait qu’elle augmente l’effet compressif sur les têtes métatarsiennes.

Pratique sportive (randonnée, cyclisme, course à pied, vélo, ski, escalade…)

Les sports qui favorisent les contraintes et la surcharge de l’avant pied sont à risque d’augmenter la tension sur le nerf interdigital et donc le risque d’émergence d’un névrome.

 

Au final, la plupart des facteurs de risques sont mécaniques. La correction de ces facteurs est donc un point important dans la guérison et pour permettre au névrome de se résorber.

Les symptômes du syndrome de Morton

Des fourmillements sous le pied : les paresthésies de la voûte plantaire

La stimulation du névrome, notamment lors de la marche est responsable de décharges anarchiques, qui vont donner des sensations de fourmillement sous le pied. Ces fourmillements sont appelés dans le jargon médical paresthésies. Parfois ils peuvent également être ressenti comme des décharges électriques, ou des brûlures.

Localisation de la douleurs et des métatarsalgies: le deuxième ou troisième espace intermétatarsien

La douleur relative au syndrome de Morton se localise dans l’immense partie des cas dans le deuxième ou le troisième espace intermétatarsien (voir schéma). Le premier et le quatrième espace ne sont pratiquement jamais touché, étant donné qu’il y a beaucoup moins de contraintes exercées sur les têtes des métatarsiens de ces espaces.

Syndrome de Morton : droite, gauche, ou atteinte des deux pieds ?

Le syndrome de Morton peut toucher un seul ou les deux pieds. L’atteinte peut également être variable dans le temps car c’est une maladie qui évolue par poussées. Souvent, lorsque les patients consultent un médecin, ils ont déjà une longue histoire relative au Morton derrière eux, avec alternance de phase de poussées entrecoupées de répits.

Comment et par qui peut être fait le diagnostic de syndrome de Morton ?

Le diagnostic est évoqué à l’interrogatoire devant la présence de douleurs typiques localisées dans les espaces inter-métatarsiens.  Néanmoins ce sont les examens d’imagerie qui vont permettre de visualisé le névrome de Morton.

L’échographie et la radiographie

L’échographie est un excellent examen pour la recherche d’un névrome de Morton. Elle offre l’avantage d’être dynamique et donc de voir en temps réel le nerf interdigital sur son trajet. Elle permet aussi la réalisation de manœuvres permettant de démasquer un  névrome de petite taille. Elle peut également déclencher la douleur au passage de la sonde dans l’espace inter métatarsien, ce qui est très évocateur du diagnostic.

En complément de l’échographie peut être prescrit une radiographie qui permet d’évaluer les reliefs osseux, la distribution des charges et une éventuelle pathologie associée (syndrome du premier métatarsien court).

l’IRM dans le syndrome de Morton

Il s’agit de l’examen de référence dans l’exploration des métatarsalgies. L’irm permet une bonne visibilité des espaces inter métatarsien et donc d’un éventuel névrome. Elle permet de mesurer le névrome à la fois en longueur et en largeur. Les névromes mesurent généralement entre 4 et 12 milimètres. Pour les névromes de petite taille 2 à 4 milimètres, l’échographie peut parfois être plus précises pour les détecter, surtout si elle est réalisée par un opérateur entraîné.

L’avantage principal de l’IRM est qu’elle permet de rechercher d’autres pathologies comme une bursite, une atteinte de la plaque plantaire ou une fracture de fatigue.

L’IRM est un excellent examen dans le bilan d’une douleur de l’avant pied, néanmoins elle nécessite au préalable un examen clinique de qualité permettant d’orienter le diagnostic.

SYNDROME DE MORTON EN IRM

QUELS TRAITEMENT POUR LE SYNDROME DE MORTON ?

Les traitements naturels pour soulager un syndrome de Morton

Bilan chez le podologue : confection de semelles, orthèses, et coussinets

Le bilan podologique peut permettre de connaître avec précision la répartition des contraintes mécaniques sur l’avant pied. L’utilisation de semelles ou d’orthèses bien réalisées peut permettre de « mettre en décharge » les têtes métatarsiennes et donc de limiter le phénomène de compression présent lors de chaque appui au sol.

Kinesitherapie et osteopathie

Les exercices de physiotherapie, les massages et les étirements peuvent permettre de diminuer les tensions sur le nerf et l’avant pied. Les ondes de choc et le laser sont des techniques en cours d’évaluation.

Argile verte, médecine chinoise, froid, arnica

De nombreux « remède de grand-mère » ont été proposés pour soulager les symptômes. A ce jour, il n’y a pas d’étude scientifique permettant de recommander l’un de ces traitements.

 

L’infiltration de corticoides, un traitement de première intention

Lorsque le névrome est de petite taille (autour de 5 millimètres), une infiltration de corticoïdes peut être efficace en première intention.

La cryothérapie (ou cryochirurgie): un traitement efficace et peu invasif

La cryothérapie est un traitement guidé par échographie. L’opérateur met en place une aiguille dans le névrome dont l’extrémité est ensuite refroidie pour congeler le névrome. Afin d’éviter une destruction totale du nerf, seul l’enveloppe externe est détruite, ce qui coupe la transmission du signal douloureux tout en conservant les autres fonctions du nerf. L’avantage de cette technique est son caractère mini-invasif puisque l’intervention est faite au travers d’une incision millimétrique ce qui permet de limiter les désagréments dans les suites de l’intervention. Cette intervention n’entraîne pas d’interruption de l’appui, il y a donc une reprise immédiate de la marche. Après une quinzaine de jours pendant lesquels il est préconisé de ne pas trop solliciter le pied les activités normales peuvent être reprises progressivement.

Cryothérapie du Morton à l'aide d'une aiguille insérée dans le pied sous échographie

La chirurgie du névrome de Morton, une opération efficace mais une convalescence parfois allongée

Les différentes opérations du syndrome de Morton

Il existe plusieurs types de chirurgie.

La première consiste à libérer le névrome par résection du ligament profond transverse inter-metatarsien. Elle est généralement réalisée au travers d’une petite incision, et permet de libérer les névromes de petite taille.

Pour les névromes de taille plus importante, l’intervention consiste à retirer le nerf : c’est la neurectomie. Cette intervention est plus invasive, avec une convalescence plus longue, et peut exposer à des risques de repousse du névrome (névrome cicatriciel ou d’amputation).

Convalescence après une opération d’un névrome de Morton

La convalescence est variable d’un patient à l’autre et selon le type d’intervention pratiquée. Après une neurectomie, l’arrêt de travail dure 1 à 2 mois en général, et la reprise d’une activité sportive est possible après 2 mois.

Quelles chaussures porter pour soulager un syndrome de Morton ?

Les chaussures serrées sont à proscrire. En effet, la compression latérale augmente l’effet « coupe cigare » des têtes métatarsiennes sur le nerf et amplifie donc les symptômes et l’inflammation. L’idéal est donc de porter des chaussures larges, sans talon. Les baskets sont généralement privilégiés par les patients car ce sont des chaussures assez larges, avec un amorti qui permet de limiter un peu les fourmillements liés au névrome. Enfin, beaucoup de patients utilisent des sandales type Birkenstock ® car ce sont des chaussures ouvertes dans lesquels les pieds sont soumis à peu de contraintes. De façon plus générale, les chaussures ouvertes sont souvent les mieux tolérées.

Syndrome de Morton et sport ? quels sports sont à risque ou à favoriser ?

Comme énoncer plus haut, les activités sportives qui augmentent les contraintes sur l’avant pied sont à éviter. C’est le cas notamment de la course à pied, de la danse ou de l’escalade. Au contraire, les sports pour lesquels le pied est en décharge peuvent être pratiqués sans problème : la natation, par exemple est un excellent sport ne sollictant pas l’avant pied.

Après un traitement par cryothérapie, l’activité sportive peut généralement être reprise en 4 à 6 semaines. Cette reprise doit être progressive.

D’autres articles sont disponibles sur notre site pour vous informer sur l’adénome de prostate et les différentes techniques de traitement.

Quelle est l’évolution du syndrome de Morton ?

La guérison, ou résorption une option possible pour les névromes de petite taille et récents

Certains névromes de formation récente peuvent disparaître spontanément après une période douloureuse. La diminution des contraintes (changement de paire de chaussures, arrêt ou diminution d’une activité sportive favorisante) peuvent favoriser la guérison.

Un névrome  peut-il revenir après une accalmie?

Oui. En cas de sursollicitassions, le névrome peut à nouveau être inflammatoire et devenir douloureux. Il peut également se former un névrome dans un autre espace intermétatarsien, ou sur l’autre pied.

Syndrome de Morton évoluant depuis plusieurs années, le risque de chronicisation

Dans certains cas, le névrome ne se résorbe pas, et il persiste une inflammation, qui elle même provoque une augmentation de la taille du névrome Dans ces là, il est rare de réussir à se débarrasser du névrome sans avoir recours à un traitement.

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