Embolisation de l’adénome de prostate: résultats sur la sexualité, et effets indésirables

DANGERS, COMPLICATIONS, EFFETS SEXUELS ET INDESIRABLES DE L’EMBOLISATION DE LA PROSTATE.

 

L’embolisation de l’adénome de prostate est un traitement mini-invasif consistant à boucher les artères à destination de la prostate afin de bloquer sa vascularisation et d’entraîner son atrophie. Ce traitement présente de nombreux avantages, notamment sa réalisation en ambulatoire, sans sonde urinaire, sans passage au travers de la verge, avec très peu d’effets indésirables, notamment sur la sexualité.

Cet article propose un résumé des données issues d’articles scientifiques sur les effets indésirables sexuels et complications dans les suites d’une embolisation de l’adénome de prostate(total de 7 études et 488 patients). Seules les études prospectives (études dont les critères de suivi ont été définies avant la réalisation du traitement) ont été sélectionnées, car ce sont les études les plus fiables, avec le niveau de preuve le plus élevé.

 

POINTS CLES SUR LES DANGERS ET EFFETS SECONDAIRES DE L’EMBOLISATION DE LA PROSTATE

 

→    Aucune incontinence urinaire après embolisation: Aucun patient parmi les 488 de cette revue n’a décrit d’incontinence urinaire après embolisation. 

→    L’éjaculation est préservée, et les effets indésirables sur l’éjaculation sont relativement rares : l’éjaculation est systématiquement préservée, avec simplement une baisse du volume de l’éjaculation notée dans seulement 4 à 24% des cas.                                                                                                                                                                                       

→    Les troubles de l’érection sont quasi-inexistants: Dans les suites d’une embolisation 1 patients sur les 488 de cette analyse (0.2%) a reporté une dysfonction érectile. L’embolisation est donc un traitement préservant l’érection à presque 100%.

    Les complications graves sont rarissimes: L’embolisation de la prostate est une procédure très sûre, avec un taux de complications dites « majeures » (complication sévère nécessitant des soins intensifs ou entraînant un décès) à 0% dans les 7 principales études prospectives sur l’embolisation (total de 488 patients)   

→ Les embolisations hors-cible: une complication très rare et non grave: Parfois décriées et présentées comme un effets indésirable grave, les embolisation hors-cibles sont exceptionnelles après embolisation: 2/488 (0.4%) et ne nécessitent habituellement aucun traitement complémentaire                                                                                                        

→   Le syndrome post-embolisation: un effet indésirable habituel dans les suites de l’embolisation: Le syndrome post-embolisation est fréquemment décrit dans les 12 à 48 heures suivant l’embolisation. Il consiste en l’association de signes urinaires (brûlures urinaires, envie fréquente d’uriner, traces de sang dans les urines). Ces signes cliniques sont d’intensité variable et habituellement bien calmés par des traitements médicamenteux simples.         

Au final, cette revue démontre que l’embolisation de la prostate est une intervention extrêmement sure. Ce profil de sécurité peut faire discuter un traitement par embolisation comme alternative à un traitement chirurgical, mais également médical, y compris chez les patients avec une hypertrophie de la prostate débutante.                                                                                                                                                                                                               

L’EMBOLISATION DE LA PROSTATE PROVOQUE-T-ELLE DES EFFETS INDESIRABLES SUR LA SEXUALITE?

Un des gros avantages de l’embolisation de la prostate réside dans le fait que ce traitement a peu de conséquences sur les fonctions sexuelles.

→ Qualité de l’érection

Le taux de dysfonction érectile après embolisation (ou d’aggravation d’une dysfonction érectile préexistante) est quasi-inexistant dans cette revue, avec une incidence de 0,2%.

→ Ejaculation

L’éjaculation est très majoritairement préservée avec simplement une baisse du volume éjaculatoire dans 4 à 28% des cas.

→ Comparaison entre embolisation de la prostate et techniques chirurgicales (résection endoscopique TURP, ou laser HOLEP) 

La comparaison avec les techniques chirurgicales de référence (TURP et HOLEP) montre également des meilleurs résultats chez les patients traités par embolisation.  L’étude de Abdt (essai contrôlé randomisé [1]) ayant comparé l’embolisation de la prostate avec la résection endo-urétrale (TURP) a montré une préservation de l’éjaculation chez 84% des patients traités par embolisation, contre 48% chez les patients traités par chirurgie.

La comparaison avec l’Holep n’a jamais été effectuée dans un essai randomisé, mais les données de la littérature montrent des taux d’anéjaculation post HOLEP de l’ordre de 92% [2], contre 4 à 16% dans les suites d’une embolisation.

 

Effets indésirables et secondaires du traitement de l’adénome de prostate par embolisation

 

Les effets indésirables de du traitement de l’adénome de prostate par embolisation sont bien connus puisque cette procédure existe depuis une vingtaine d’année et qu’elle a fait l’objet de nombreuses publications scientifiques. La revue des effets indésirables des 7 principales études [1, 3-8] est présentée ci-dessous, et dans le tableau 1.

  • Complications majeures (=complications graves)

Premier point important, aucun décès ni complications entraînant une hospitalisation en soins intensifs (complication de grade 4 ou 5) n’ont été rapportées dans cette revue. Seulement 2 patients (moins de 1% de l’effectif) ont présenté une complication de grade III. Ces complications étaient des infections urinaires ayant nécessité une ré-hospitalisation pour réalisation d’un traitement antibiotique.

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  • Complications mineures

En pratique, la plupart des effets indésirables décrits constituent ce qu’on appelle le syndrome post-embolisation, avec des signes urinaires (envies fréquentes d’uriner, brûlures urinaires, trace de sang dans les urines), parfois associés à un épisode fébrile de courte durée. Ce syndrome survient habituellement dans les 12 heures suivant le geste, et sa durée est habituellement limitée à 1 ou 2 jours.

  • Infection post-embolisation

Quelques infections post-embolisation ont été décrites (5%), néanmoins la prescription d’une analyse d’urine avant l’embolisation en cas d’hypertrophie avancée peut permettre de détecter certaines situations nécessitant un traitement préventif par antibiotique.

  • Blocage des urines par rétention aigue urinaire (RAU)

Contrairement à ce qui était parfois discuté dans les premières années, le taux de rétention urinaire post-embolisation est relativement faible, avec dans cette revue un taux rapporté de 1,6%. Le recours à une sonde urinaire, que ce soit pendant ou après l’intervention reste exceptionnel.

  • Nécroses cutannées et embolisation hors cible

Enfin, les nécroses cutannées relatives à l’injection accidentelle de billes en dehors des artères vascularisant la prostate (notamment au niveau de la verge) font partie des craintes des patients ou des urologues avant l’intervention. Sur ce point encore, les données de cette revue sont très rassurantes, puisque seuls 2 cas ont été reportés (incidence de 0,4%), et que dans les deux cas, des traitements topiques à base de crèmes cicatrisantes ont permis la résolution du problème.

La réalisation de l’intervention dans un centre expérimenté disposant des techniques de guidage adéquat rend ce type de complication exceptionnelle. 

  • Complications survenant après une chirurgie par résection trans-urétérale de prostate (TURP) ou une embolisation: comparaison

Toutes les études ayant comparé l’embolisation avec la chirurgie de l’adénome de prostate (TURP) montrent moins de complications chez les patients traités par embolisation. Dans l’étude de Abdt [1], qui est à ce jour le principal essai contrôlé randomisé comparant l’embolisation de la prostate avec la chirurgie (cf Tableau 2), l’embolisation apportait un bénéfice sur l’ensemble des complications, notamment les saignements post-opératoires (4 vs 11), les rétentions urinaires post-opératoires (1 vs 3), les incontinences urinaires post-opératoires (0 vs 3), les plaies de l’urètre (0 vs 2) et de façon générale les complications sérieuses et/ou graves (grade Clavien-Dindo ≥3, nombre=2 vs 7).

 

Pour en savoir plus sur l’embolisation de la prostate, vous pouvez consulter la page « embolisation de la prostate » sur le site de l’Institut Français de Radiologie Interventionnelle

 

 

 

Vous pouvez également prendre directement rendez-vous en ligne avec un de nos médecins spécialisé dans l’embolisation de la prostate

 

 

 

 

Tableaux

 

Complications et effefs sur la sexualité de l'embolisation de la prostate
Tableau 1 : effets indésirables dans les suites d’une embolisation de la prostate, classification selon Clavien-Dindo, et description (B. Moulin, 2022)

 

Tableau 2: Complications post embolisation vs chirurgie (Zumstein and al [9]. European Urology focus)

 

Bibliographie

 

1.           Abt D, Hechelhammer L, Müllhaupt G, et al (2018) Comparison of prostatic artery embolisation (PAE) versus transurethral resection of the prostate (TURP) for benign prostatic hyperplasia: randomised, open label, non-inferiority trial. BMJ k2338. https://doi.org/10.1136/bmj.k2338

 


2.           Gild P, Dahlem R, Pompe RS, et al (2020) Retrograde ejaculation after holmium laser enucleation of the prostate (HoLEP)—Impact on sexual function and evaluation of patient bother using validated questionnaires. Andrology 8:1779–1786. https://doi.org/10.1111/andr.12887

 


3.           Carnevale FC, Iscaife A, Yoshinaga EM, et al (2016) Transurethral Resection of the Prostate (TURP) Versus Original and PErFecTED Prostate Artery Embolization (PAE) Due to Benign Prostatic Hyperplasia (BPH): Preliminary Results of a Single Center, Prospective, Urodynamic-Controlled Analysis. Cardiovasc Intervent Radiol 39:44–52. https://doi.org/10.1007/s00270-015-1202-4

 


4.           Insausti I, Sáez de Ocáriz A, Galbete A, et al (2020) Randomized Comparison of Prostatic Artery Embolization versus Transurethral Resection of the Prostate for Treatment of Benign Prostatic Hyperplasia. J Vasc Interv Radiol 31:882–890. https://doi.org/10.1016/j.jvir.2019.12.810

 


5.           Pisco JM, Bilhim T, Costa NV, et al (2020) Randomised Clinical Trial of Prostatic Artery Embolisation Versus a Sham Procedure for Benign Prostatic Hyperplasia. Eur Urol 77:354–362. https://doi.org/10.1016/j.eururo.2019.11.010

 


6.           Salem R, Hairston J, Hohlastos E, et al (2018) Prostate Artery Embolization for Lower Urinary Tract Symptoms Secondary to Benign Prostatic Hyperplasia: Results From a Prospective FDA-Approved Investigational Device Exemption Study. Urology 120:205–210. https://doi.org/10.1016/j.urology.2018.07.012

 


7.           Ray AF, Powell J, Speakman MJ, et al (2018) Efficacy and safety of prostate artery embolization for benign prostatic hyperplasia: an observational study and propensity-matched comparison with transurethral resection of the prostate (the UK-ROPE study). BJU Int 122:270–282. https://doi.org/10.1111/bju.14249

 


8..           Russo GI, Kurbatov D, Sansalone S, et al (2015) Prostatic Arterial Embolization vs Open Prostatectomy: A 1-Year Matched-pair Analysis of Functional Outcomes and Morbidities. Urology 86:343–348. https://doi.org/10.1016/j.urology.2015.04.037

 

 

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